Colombie – Comuna 13, un quartier de Medellín

Medellín comptent 16 communes, appellées « comunas« , toutes n’étant pas des quartiers vulnérables comme on pourrait le croire.
Mais quand vous arrivez à Medellín, vous entendez parler de Comuna 13. C’est la plus connue, tristement célèbre dû à la violence dont elle a été témoin. Elle fait partie des places à découvrir à Medellín

Vue de Comuna 13 avec une autre municipalité de Medellín en arrière-plan

Comuna 13

Avant de partir sa découverte, il est bien de connaître son histoire. Cela permet de prendre pleinement conscience du chemin parcouru par ses habitants, des accomplissements et de l’énergie qui a été nécessaire à son évolution.
Aujourd’hui encore, tout n’est pas gagné. C’est un travail quotidien auprès des jeunes générations qui permet de pérenniser les changements déjà obtenus.

Le risque omniprésent; l’argent facile grâce à l’enrôlement dans un gang de trafic de drogue ou d’armes.

L’histoire de Comuna 13

Il y avait ici un petit village d’agriculteurs, Las Granjas, qui à la fin du 19e siècle devint La America, un quartier de Medellín.

En 1946, le village commence à changer. Afin d’accueillir de nouveaux arrivants qui viennent ici pour trouver de meilleures conditions de vie, une des fermes est transformée en résidence.
C’est le début de l’exode rural qui atteindra son apogée dans les années 1960-1970.

Les fermiers de La America vendent ainsi leurs terres sur lesquelles les colonies sont construites illégalement et qui vont s’étendre jusqu’au flanc de la montagne.

Ces nouveaux résidents sont pauvres et n’ont pas d’autres compétences que l’agriculture et la construction. Considérés comme des envahisseurs par les actuels habitants et traités comme tels, ils ont beaucoup de mal à trouver leur place dans cette société.

Pour ajouter à cette difficulté, aucune institution officielle ne s’occupe du quartier malgré cet afflux massif. Les conditions de vie sont déplorables ; les gens puisent l’eau dans des ruisseaux contaminés et n’ont d’autres choix que de voler l’électricité.

Cette misère les rend vulnérables et ils deviennent des proies faciles pour les gangs de propagande et de trafic de drogue et d’armes.

C’est ainsi qu’à la fin des années 80, des organisations paramilitaires se battent pour prendre le contrôle de cette zone située plus sur la route des trafiquants.
Ce sont également elles qui édictent les lois et règles de la commune, s’octroyant dans le même temps le droit de vie et de mort sur ses habitants.
Pendant plus d’un an, cette zone, devenue incontrôlable, va devenir la deuxième zone la plus dangereuse au monde.

Ce n’est qu’en 2002 que le nouveau président colombien, Álvaro Uribe, décida d’intervenir à Comuna 13, avec l’appui du maire de Medellín

Dix opérations militaires ont été alors menées, les deux plus importantes étant Mariscal et Orion. Orion, qui dura trois jours et monopolisa plus de 1500 soldats, deux hélicoptères et un char, coûta la vie à de nombreux civils innocents. Mais ce fut la fin du règne des guérillas. 

On a alors supposé que l’armée et la police s’étaient associées aux paramilitaires pour éliminer les guérillas de Comuna 13.

Devinez qui prend alors le contrôle de la commune ?

Les paramilitaires.

À leur tour, ils ont imposé leurs lois, et jugé et condamné à mort ceux qui étaient soupçonnés d’avoir aidé les guérillas.
Cette guerre silencieuse durera deux ans et deux cents personnes disparaîtront, leurs corps ayant été enterrés dans une décharge, Escombrera.

Une paix relative s’en suivra pendant quelques années.

De nos jours, officiellement, Comuna 13 n’est plus sous l’emprise d’une guérilla ou d’un groupe paramilitaire précis. Cela dit, différentes bandes s’adonnent à des activités illégales: trafic, contrebande, homicide, extorsion.

Ces gangs sont toujours actifs, et c’est pourquoi les associations de jeunes existent.

La nouvelle Comuna 13

Mais la municipalité de Medellín a voulu aller plus loin.

En 2008, les premiers téléphériques ont été construits autour de Medellín, facilitant l’accès des communes situées à flanc de montagne. D’autres initiatives ont été entreprises — à Comuna 13, six escaliers roulants qui ont été installés.

Ils facilitent considérablement le déplacement des résidents.
Par exemple, pour se rendre à Medellín, il ne leur faut maintenant que 6 minutes pour franchir les 384 m de dénivelé, au lieu des 25 min et 350 marches qu’ils devaient gravir jusque-là.

Cet accés difficile décourageaient les jeunes d’aller chercher du travail et empêchaient d’autres, moins mobiles, à quitter leur domicile.

Mais le principal atout de la communauté, ce sont ses habitants

Comme beaucoup de Colombiens, ils sont fiers d’être sortis de cet enfer. Ils sont accueillants et chaleureux, et veulent donner une image différente de la Colombie.

Ils sont fiers de ce qu’ils ont appris et sont devenus et veulent laisser derrière eux leur passé et pardonner, même si leur histoire est pleine de drames.
Notre guide a partagé son parcours avec nous, une enfance remplie de mort tragique, et j’ai été vraiment impressionnée par sa résilience et par son optimisme dans l’avenir. 

Notre visite a été rythmée par des arrêts dans des galeries d’art, une dégustation de café, des spectacles organisés par la jeunesse.

Un message d’espérance et de joie que tous les habitants de la Comuna 13 veulent transmettre à tous les visiteurs. Se rendre à Comuna 13 est aussi une contribution au développement de cette communauté.

Quelques exemples des belles œuvres d’art que l’on peut admirer en se promenant dans la rue.

Le mot de la fin

Plus que la découverte des œuvres d’art, ce qui m’a le plus touché est la détermination des habitants de Comuna 13 de se construire un lieu de vie agréable.

Malgré les épreuves qu’ils ont traversées, ils envoient à travers cette volonté un beau message d’espoir.

Un beau souvenir de Medellín.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.