Géorgie – Deux jours à Stepantsminda dans le Caucase

Le Mont Kazbek et ses neiges éternelles

Aujourd’hui je suis super excitée car nous partons dans les montagnes du Caucase à la frontière nord de la Géorgie ! Il ne faut pas oublier que je viens des Alpes, et que je suis une inconditionnelle des régions montagneuses.

Mais pour commencer, savez-vous d’où vient le nom “Caucase” ? Et bien en fait, personne ne le sait de façon sûre. Il y a toujours un débat entre historiens sur son origine. Certains pensent que cela signifie “sol rocheux, d’autre “ciel étincelantou encore “soutien du ciel. À chacun de choisir son interprétation préférée !

Ce qui est sûr, par contre, c’est qu’ici les sommets flirtent avec les 5000 m d’altitude et font partie des plus hauts d’Europe “continentale”. Le point culminant étant le Mont Elbrus en Russie, avec ses 5642 m.
Je parle bien d’Europe “continentale”, car le plus haut sommet d’Europe “occidentale” est le Mont Blanc, 4809 m, dans le nord des Alpes françaises, ma région natale. Et pour les Français, il est tout simplement le plus haut d’Europe. Point barre.

Le Mont Kazbek 5034 m

Nous allons aller dans la région du Mont Kazbek ou Kazbegi, le troisième plus haut sommet du Caucase, que l’on reconnaît facilement en été grâce à la couche de neiges éternelles qui recouvre son sommet.

Sa légende

Gravi pour la première fois en 1868, le Mont Kazbek, “pic de glace” en géorgien, n’est pas seulement un ancien volcan et un des plus hauts sommets du Caucase, mais c’est également un endroit entouré d’une légende.

C’est effectivement ici que Prométhée fut enchaîné.

Dans la mythologie grecque, Prométhée est celui qui déroba le feu sacré de l’Olympe pour le donner aux hommes dans le but de les aider. Courroucé par cet acte déloyal, Zeus le condamna à être attaché à un rocher du Mont Kazbek, et à avoir son foie dévoré jour après jour par l’aigle du Caucase.

Aujourd’hui, c’est un sommet réputé et très parcouru pour l’exploit de conquérir un 5000 m, d’escalader un glacier, et d’admirer des paysages exceptionnels. 

Le village de Stepantsminda

Pour notre escapade, nous avons planifié un week-end à Stepantsminda, anciennement Kazbegi. C’est un petit village situé à 30 min de la station de ski Gudauri, dans la région de Khevi, un point de départ idéal pour de nombreuses randonnées dans le Caucase

Nous avons emprunté la Route Militaire Géorgienne. C’est le nom historique d’une route reliant la Géorgie à la Russie à travers le Grand Caucase. Elle doit son nom aux militaires russes qui la construisirent et l’empruntaient, à la suite de l’annexion de la Géorgie au début du 19e siècle. C’est l’une des trois routes qui traversent le Caucase, les deux autres étant la Route Militaire d’Ossétie et la Route Transcaucasienne, situées plus à l’ouest.

Stepantsminda est aussi le repère de fantastiques restaurants géorgiens. Et après une belle randonnée, on n’a que l’embarras du choix.
Pour vous donner l’eau à la bouche, voici une liste non exhaustive de quelques plats que j’adore: 

  • la soupe aux champignons (je vous promets elle est délicieuse)
  • le Khabizgina, khachapuri de Kazbedi fait à base de pommes de terre et de fromage,
  • les barbecues de viandes et de légumes
  • la salade géorgienne, tomate et concombre
  • la traditionnelle assiette de fromage et son pain géorgien frais, 

le tout accompagné, bien sûr, d’un verre de vin rouge du pays. 

Vous pouvez imaginer mon calvaire quand je dois me décider… 

Notre plan pour le week-end:

  • Vendredi soir : arrivée à Stepantsminda.
  • Samedi
    • randonnée au glacier Gergeti et visite de l’église de la trinité de Gergeti
    • découverte de la piscine d’eau de source de Pansheti
  • Dimanche
    • petit tour de la station de ski Gudauri avant le retour.

Randonnée au glacier Gergeti suivi de la visite de l’église de la Trinité Gergeti

Durée : 7 heures de marche
Longueur : 20 km
Difficulté : difficile
Quand y aller : de juin à septembre

Voilà la randonnée que nous avons choisi, et nous ne l’avons pas regretté. C’était juste incroyable !

Elle est réputée difficile pour sa longueur, mais il n’y a pas de passage compliqué.
Par contre, il faut partir tôt le matin. Les paysages sont d’autant plus beaux, et comme souvent en haute montagne, il n’est pas rare que des nuages s’accrochent sur les sommets aux alentours de midi.

Le temps peut changer très vite à cette altitude ! 

C’est le jour J

Nous n’avons pas commencé à marcher depuis Stepantsminda, mais d’un parking qui se trouve au pied de la montagne. Nous avons donc pris notre voiture pour nous y rendre. 

Il est 8 h 00 du matin, et nous sommes les premiers arrivés. C’est donc seuls que nous avons commencé la montée jusqu’à la première étape, l’église de la Trinité Gergeti.

Et c’est parti pour 7 heures de marche 😃
Un petit cimetière le long du chemin

Le sentier est assez raide. C’est un bon échauffement ! Il est cependant aménagé avec des escaliers qui le rendent très praticable. Il serpente dans la forêt, et alterne entre des passages dégagés et d’autres complètement à couvert des arbres. 

L’odeur des pins m’a un peu transportée en bord de mer !
Il nous reste 936 m précisemment…

Après une heure et demie de montée, nous avons atteint l’église — que nous avons décidé de visiter à notre retour — et le paysage change complètement. La vue se dégage entièrement et nous nous retrouvons face à des montagnes majestueuses. Nous n’avons pas pu nous empêcher de tourner sur nous-même pour embrasser ce spectacle. La lumière du matin, le soleil qui pointe de derrière les montagnes, et le calme des lieux nous font oublier notre réveil difficile.
Nos seuls compagnons sont les chevaux et les vaches qui paissent dans les prés.

Le Mont Kazbeg au lointain

Il y a quelques fermes çà et là. Nous avons croisé un troupeau de moutons, son berger, et bien sûr son capitaine, une chèvre !
En effet, afin de conduire plus aisément leurs troupeaux, les bergers mettent une chèvre avec leurs moutons. Elle est plus facile à diriger, et les moutons la suivent sans condition.


Nous avons fait le reste de la montée au milieu d’une nature sauvage, en admirant les vues sublimes.

La randonnée se poursuit jusqu’au col de Sabertse à 3000 m d’altitude. De là, nous sommes descendus jusqu’à la rivière glaciaire que nous avons dû traverser pour ensuite remonter jusqu’au glacier.

Nous venons de franchir le col de Sabertse

Après le col, c’est un nouveau panorama qui s’offre à nous. La végétation disparait petit à petit et laisse place a un paysage rocailleux.

Le temps est devenu menaçant en fin de matinée
L’espace des tentes est entouré de petits tas de pierres pour les protéger du vent

Le chemin traverse une aire de camping où des courageux ont passé la nuit. Ce sont généralement des randonneurs qui font un circuit de plusieurs jours jusqu’au Mont Kazbek.
Pour les moins téméraires et les plus frileux, il y a aussi un refuge, l’Altihut, qui propose couchages et repas.

Ou tout simplement un bon café sur la route !

Le glacier Gergeti

Il est l’un des plus grands glaciers de Géorgie.

Notre but de toucher le bout glacé de sa langue est maintenant à porter de main !

Nous voilà au pied du glacier. Le temps a tourné, et de gros nuages ont commencé à s’accrocher au Mont Kazbek.

Le glacier est recouvert de terre… Mais il était bien froid !

Comme nous n’étions pas sur de la tournure qu’allait prendre la météo et malgré les quatre heures de montée que nous avions dans les jambes, nous avons décidé d’attendre notre retour à l’église pour notre pique-nique. Nous nous sommes quand même accordé une petite pause, une barre de céréales, et sommes redescendus.

Nous avons emprunté un autre tracé pour le retour, et avons longé un canyon magnifique. Si vous regardez sur la carte, nous avons fait la randonnée dans le sens des aiguilles d’une montre.

Sur le chemin, nous avons suivi un homme et son cheval qui rentraient après avoir ravitaillé le refuge. Et je peux vous assurer que, malgré le fait qu’il nous semblait marcher tranquillement, nous n’avons pas pu les suivre.
Et nous pensions avancer d’un bon pas ! Notre longue randonnée n’est pour eux que leur route quotidienne.

Nous sommes finalement arrivés à l’église de la Trinité Gergeti, et comme prévu, nous nous sommes arrêtés pour la visiter.

L’église de la trinité Gergeti

C’est un des lieux touristiques les plus populaires de Géorgie et la fierté de Stepantsminda. Perchée à 2200 mètres d’altitude, l’église surplombe la vallée et on peut la voir depuis partout dans le village.

Les plus poétiques disent d’elle qu’elle est le visage du pays — un havre de paix chrétien trônant au milieu d’une nature magnifique.

L’église et son clocher à sa droite

Mais ce sont son histoire et sa situation qui en font un lieu exceptionnel, même si un grand mystère tourne autour d’elle. Personne ne sait quand et qui la construite. Selon des sources anciennes et son style architectural, elle aurait été construite au 14e siècle lors de l’ascension de l’église géorgienne. Elle est la seule église à coupole croisée de la province de Khevi, et aussi la seule dont le clocher a été bâti à côté de l’édifice principal.

Quant à son nom, il vient tout simplement du village voisin Gergeti.

Son histoire

Selon « l’histoire d’Ibérie » écrite par le prince géorgien Teimuraz Batonishvili, une croix a d’abord été érigée sur le Mont Trinité avant la construction du sanctuaire. Il a été l’un des premiers écrivains à écrire sur l’histoire de l’Ibérie, l’ancien nom de la Géorgie.

Le roi de l’époque, George le Brillant, chargea les habitants de Gergeti de surveiller le temple. Ils devinrent alors les « Sakdrisshvili de la Trinité », les « serviteurs de la Trinité ». Au cours des siècles suivants, d’autres rois revendiquèrent également cet honneur à la population de Gergeti

La Trinité de Gergeti était le refuge de richesses, comme les « Bijoux de Mtskheta », ou l’une des reliques les plus sacrées des chrétiens géorgiens — la Croix de Saint-Nino. Cet honneur était partagé avec d’autres lieux sacrés, Svetitskhoveli et Tbilissi Sioni.

Mais outre son objectif religieux, le sanctuaire servait également de cachette pour les hommes et les trésors lors des nombreuses invasions qui ont ravagé la Géorgie. Sa situation géographique faisait d’elle une réelle forteresse où les ennemis osaient rarement s’aventurer. 

Depuis l’autre côté de l’église, nous avons pu admirer une vue sur Stepantsminda au fond de la vallée.

Nous avons pris une dernière photo, et sommes repartis pour la dernière partie de notre descente.

Variantes de la randonnée

La randonnée plébiscitée par beaucoup de voyageurs est l’aller-retour du village jusqu’à l’église. Au risque de me répéter, le sentier est très agréable, bien aménagé. Il y a des escaliers et des panneaux très précis qui indiquent au mètre près la distance qu’il reste à parcourir. 

Il faut compter deux heures pour atteindre tranquillement l’église, et un peu moins pour le retour. 

D’autres préfèrent faire à pied la partie depuis l’église jusqu’au glacier.

Depuis décembre 2018, date à laquelle la route a été goudronnée, il est facile de rejoindre l’église en voiture. Si vous n’en avez pas, il existe une multitude de taxis prêts à vous y emmener. Ensuite, vous n’aurez que la montée vers le glacier.

La piscine d’eau de source de Pansheti

Beaucoup de régions en Géorgie sont riches en eaux minérales, utilisées pour des bains thérapeutiques ou tout simplement pour se relaxer.  

Alors, quand nous avons appris qu’il y avait une piscine d’eau de source en pleine nature à Stepantsminda, nous étions vraiment pressés de nous y rendre. Après la randonnée, nous nous imaginions déjà barboter et détendre nos jambes dans l’eau fraîche.

On peut y aller en voiture, mais nous avons décidé de nous y rendre à pied. Le chemin est plat et passe au milieu des chevaux.

Deux surprises nous attendaient quand nous sommes arrivés à la piscine.

L’eau n’était pas fraîche mais froide et le fond de était recouvert de mousse, ce qui nous a définitivement arrêtés dans notre élan. 

Tant pis, nous nous sommes rafraichis et nous sommes désaltérés directement à la source. L’eau est très bonne, et le plus surprenant est qu’elle est légèrement gazéifiée.

Allez-y si vous avez un peu de temps supplémentaire sur place !

La station de ski de Gauduri

Gudauri est une station de ski située le long de la route militaire géorgienne près du col de Jvari, à une altitude de 2200 mètres. Ouverte de décembre à avril, elle offre un domaine skiable ensoleillé de 75 km de pistes de ski. Son plus haut sommet culmine à 3279 m d’altitude.

Nous avons prévu de revenir skier ici en hiver pour en profiter.

Mais en attendant, nous sommes partis pour une petite promenade sur les pistes. La pluie est arrivée assez vite, et nous avons juste eu le temps d’un petit tour avant de repartir.

Sur la photo, nous apercevons le chemin que nous étions supposé emprunter. Mais les chiens de berger nous ont un peu forcé à grimper la colline pour contourner le troupeau. Nous avons lu tellement d’avertissements concernant ces chiens, que nous n’osons plus passer près des moutons. Ils sont réputés agressifs, car ils défendent leur troupeau, et même s’ils ne mordent pas, parait il, ils sont vraiment effrayants.

Le réservoir d’eau de Zhinvali

Il se trouve au milieu de la rivière Aragvi, lieu prisé pour le rafting. 

Nous nous sommes arrêtés à un belvédère pour admirer la vue. Il y a une pléiade de marchands en tout genre. Le spot est utilisé au maximum, sachant qu’il n’y a pas vraiment d’autres endroits pour s’arrêter admirer la vue le long de la route principale. Il est cependant possible d’aller sur les berges du lac pour profiter du soleil, pique-niquer ou même se baigner.

Ce réservoir a été créé lors de la construction du complexe hydroélectrique de Zhinvali, et est d’une grande importance pour l’approvisionnement en eau de la ville de Tbilissi. Il alimente en eau potable environ la moitié de la population de la capitale.

Petite pause café appréciée !

Le mot de la fin

Pour tous les amoureux de la montagne, il faut vraiment prévoir quelques jours à Stepantsminda lors de votre voyage en Géorgie.

J’aurais aimé rester un ou deux jours supplémentaires pour explorer davantage la région et faire d’autres randonnées.

Pour la prochaine fois, mon rêve serait l’ascension du Mont Kazbek sur cinq jours, avec nuit en camping et ou en refuge. Je ne me sens cependant pas capable de le faire de moi-même. Il faudra donc que je trouve un tour organisé avec un guide. On ne part pas sur un glacier sans connaître et en plus, j’ai une peur bleue des crevasses !

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