Pérou – La brève histoire des Incas

Les Incas en bref

Au 12e siècle, les Incas n’étaient alors qu’une petite tribu guerrière de Cuzco, une ville dont je vous parle en détail dans mon article sur le Machu Picchu.

Durant trois cents ans, ils vont se développer en conquérant les peuplades voisines le long de la cordillère des Andes.
À la fin du 15e siècle, leur territoire va s’étendre sur 4 500 km, de l’Équateur jusqu’au Chili, et compter quelque dix millions d’hommes.

Ce vaste empire appelé Tahuantinsuyu était divisé en quatre secteurs, les quatre directions depuis Cuzco : le nord, Chinchasuyu, le sud, Collasuyu, l’ouest, Contisuyu, et l’est Antisuyu.

Leur règne va durer jusqu’à l’invasion du Pérou par les Espagnols en 1532, qui, armés de fusils, de chevaux et d’artillerie en acier, réussirent à les vaincre facilement. Trente-neuf ans plus tard, c’était la fin des Incas.

Que signifie Inca ?

En quechua, la langue officielle des Incas, Inca signifie « Fils du Soleil » 

Aujourd’hui encore, le quechua est la langue officielle du Pérou. Cette langue et ses variantes sont également toujours pratiquées dans d’autres régions des Andes comme le sud de la Colombie, le nord-ouest de l’Argentine, l’Équateur, la Bolivie et le Chili

Le système d’écriture

Comme les Incas ne possédaient pas « l’écriture« , il n’y a aucune trace écrite de leur passage. Tout ce qui les concerne a été déduit de légendes qu’ils ont en partie créées eux-mêmes. 

Par contre, le QUIPU, un système de cordelettes nouées entre elles leur permettait d’enregistrer toutes sortes d’informations. Les différents nœuds, simples ou composés, leur nombre et leur position par rapport à la corde principale, la façon dont ils étaient réalisés, vers la gauche ou vers la droite, avaient leur signification. La couleur de chaque fils avait aussi son importance, chacune représentant une entité bien définie. 

C’est toute cette complexité qui fait dire que les Incas pouvaient grâce à ce système archiver des données de toutes sortes : administratives, généalogiques, calendaires, historiques, religieuses, etc. 

Pour les mises à jour, les quipus étaient tout simplement défaits et refaits. 

Ces quipus étaient pour les Incas les mémoires de l’empire.

L’histoire de la conquête par les Incas

Celle-ci n’était pas basée que sur des guerres.

L’empire s’agrandit sous les ordres du roi inca Pachacutec, 9e de la dynastie, qui mena ses campagnes d’une façon surprenante. Fin diplomate, il proposait l’annexion à ses voisins. Fort d’arguments convaincants et d’une armée prête à intervenir si l’accord n’était pas concluant, il prenait le contrôle des villages sur sa route.

Il ne lui restait qu’à collecter des taxes sur un système économique déjà en place. Facile ! 

Par contre, ces impôts n’étaient pas payés en biens, mais en heure de labeur. Chacun devait aller travailler pour un certain temps dans les manufactures impériales ou dans les champs du roi.
En effet, les gens produisaient pour la collectivité, l’état redistribuant la production selon les besoins de chaque région. Le gouvernement s’octroyait également le droit de déplacer des ouvriers pendant des mois pour des projets ponctuels (barrage, construction d’un pont…), leur fournissant gîte, couvert et habits. 

C’est ainsi que fut bâtie la capitale de l’époque, Cuzco, dont la forme représentait un puma, mais aussi des monuments importants comme le temple de Qoricancha ou encore la célèbre citadelle de Machu Picchu.

Le roi devait cependant maîtriser toutes ces tribus ennemies. 

Pour asseoir son pouvoir en imposant la culture Inca —une langue unique et le culte du dieu Inti — des populations étaient séparées, délocalisées et remplacées par des colons. Le tout sous le contrôle d’une présence armée constante. 

Des kilomètres et des kilomètres de route…

Le plus remarquable fut l’élaboration d’un énorme réseau de routes, le Qhapac Nan ou le chemin de l’Inca — plus de 20 000 km de sentiers à travers les montagnes. 

Cela permettait aux troupes de partir à la conquête de nouveaux territoires ou de surveiller l’empire, de voyager, de transporter des marchandises à dos de lamas et d’alpagas ou de délivrer rapidement des informations. Et comme ils n’avaient pas de chevaux, le courrier était distribué par des messagers à pied, les Chasquis. Mais pas des marcheurs, des coureurs. Car il fallait aller vite !

Ces coursiers royaux porteurs de quipus pouvaient, grâce à un système de relais, parcourir le pays en un temps record. Un chasqui qui arrivait prévenait le suivant en soufflant dans un coquillage qui faisait office de trompette (pututu).

Des refuges et entrepôts appelés tambos construits le long du chemin tous les 20-30 km leur permettaient de se restaurer et de se reposer.

Leur endurance, forgée dès l’enfance, était, paraît- il, renforcée par la mastication des feuilles de coca.

L’agriculture

Pour développer l’agriculture, les Incas réalisèrent les cultures en terrasses. Ils ordonnèrent également des études d’agronomie afin d’optimiser la production agricole jusque dans les vallées les plus encaissées.

Chaque terrasse était connectée à des drains et à un système d’irrigation. Mais il y a plus ! Les murs en pierre jouaient un rôle de « chauffage ». Les pierres absorbaient la chaleur du soleil le jour, pour la restituer la nuit lorsque les températures chutaient. 

La largeur des terrasses avait aussi son importance. Plus elle était étroite, plus la terre avait une température élevée. Une manière de reproduire des microclimats, qui permettait aux plantes de la côte de s’adapter à l’environnement rude des montagnes.

Les Incas, leurs dieux et les étoiles

Les dieux

Les Incas croyaient avec ferveur à la Terre Mère, la Pachamama, ainsi qu’à de nombreuses autres divinités attachées à chaque activité, à chaque saison et à chaque récolte.
Les principaux étaient Viracocha, le créateur ; Inti, le Soleil ; et Chuqui Illa, le dieu du tonnerre.
Ils aimaient aussi les huacas, des esprits logés dans la nature, comme une cascade, un rocher ou un arbre.

Les étoiles

Selon les Incas, le dieu Viracocha avait créé pour chaque animal une étoile ou une constellation le protégeant. Ces étoiles n’étaient cependant pas vues comme des divinités, mais comme des huacas. Les chamans incas leur faisaient régulièrement des sacrifices.

Par opposition, le soleil et la lune étaient des dieux. D’ailleurs, les temples étaient aménagés de piliers ou de petites niches spécifiquement disposés pour que ces corps célestes les éclairent ou les traversent à certaines périodes du jour ou de l’année. 

Certains Péruviens se rendent encore dans ces temples pour vénérer l’alignement du soleil et des éléments lors du solstice d’été. 

Le création du monde: le lac Titicaca, le dieux VIRACOCHA et Cuzco

Tout débuta lorsque le dieu Viracocha sortit de l’océan à la recherche du lieu idéal pour concevoir le monde. Il jeta son dévolu sur le lac Titicaca qui devint ainsi le berceau de la civilisation inca. Viracocha commença par créer le ciel et la terre, puis le soleil et le jour, et enfin la lune et les étoiles. Ensuite, il sculpta dans la pierre les êtres humains.

Le premier couple inca lança alors un javelot en or dans le but de bâtir une capitale là où il retomberait. C’est ainsi que fut déterminé l’emplacement de Cuzco, le « Nombril du Monde » en quechua.

Le déclin de l’empire

Lorsque les Espagnols arrivèrent en 1527, le roi au pouvoir était Huayna Capac. Sa mort cette même année laissa le pays en proie à une guerre civile. En effet, ses fils Huascar et Atahualpa, tous deux prétendant au trône, n’ayant trouvé aucun terrain d’entente pour lui succéder, se partagèrent le territoire avant de s’engager dans un conflit l’un contre l’autre pour en reconquérir la totalité.

Lorsque le conquistador espagnol Francisco Pizarro débarqua en 1532 avec son régiment de 180 hommes, Huascar avait été fait prisonnier par son frère. Quant à Atahualpa, fort de son armée de plusieurs dizaines de milliers de soldats aguerris, il ne vit aucune menace dans l’arrivée des Espagnols. Il prit même le navigateur pour le dieu Viracocha, celui-ci ayant prédit son retour sur terre. 

Il invita donc Francisco Pizarro et le père Vicente Valverde. C’est là que tout dégénéra.

L’anecdote raconte que le prêtre tendit la bible à Atahualpa en lui disant : « Tiens, je vais te faire entendre la parole de Dieu » et que celui-ci, la portant à son oreille lui répondit « je n’entends rien » et jeta le livre sacré à terre.

Un terrible affront !

Il n’en fallut pas plus pour que les Espagnols déciment l’armée inca et emprisonnent leur roi. Malgré le paiement d’une énorme rançon en or pour sa libération, il fut exécuté et l’empire dévasté. 

À noter que pour les Incas l’or n’avait pas de réelle valeur. Ils l’utilisaient uniquement comme élément de décoration.  

Les Espagnols ne rencontrèrent pas beaucoup de résistance lors de cette invasion. Au contraire même. Une grande partie du pays s’est ralliée à sa cause, la guerre civile ayant divisé les Péruviens.

Cuzco fut renversée, et une nouvelle capitale, Lima, bâtie sur la côte. 

Afin de rétablir la paix, les Espagnols placèrent au pouvoir l’Inca Manco Capac II, qui était à leur service. Cependant, ulcéré par les exactions espagnoles, il s’enfuit et commença une révolte. Il faillit réussir, mais épuisé, il fut contraint au repli dans la jungle. Sa descendance tenta une ultime résistance, en vain. Tupac Amaru, le dernier inca ayant mené une grande rébellion fut capturé et exécuté en 1572, mettant un point final à la dynastie inca.

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