Ma vie de nomade digital

Le début d’un nouvelle aventure…

Cela fait maintenant deux ans et demi que mon mari et moi vivons une vie de nomade.
Si vous êtes curieux de savoir comment nous est venu l’idée, rendez-vous dans la section « À propos de moi » de mon blog.
J’avais envie de faire le point sur ces quelques années, et surtout de vous expliquer ce qu’est ma nouvelle vie. Ses joies et ses peines.

Ma définition de « nomade digital ».
Dis simplement, c’est une personne qui n’a plus de logement à l’année, qui a tous ses biens dans une valise de 23 kg — le poids autorisé des bagages en soute dans les avions — qui peut travailler de partout à condition d’avoir une connexion internet et qui voyage de place en place.

J’aime nous définir comme des voyageurs perpétuels. Nous restons trois mois dans chaque pays que nous traversons. Le plus souvent, nous choisissons notre point de chute dans une grande ville où nous pouvons trouver toutes les commodités, et les week-ends, nous explorons le pays où nous nous trouvons.

Comment gagne-t-on notre vie ?

Bien que beaucoup nous imaginent être toujours en vacances, une pensée amusante qui me surprend toujours, ce n’est malheureusement pas le cas. Nous n’avons pas les moyens de vivre sans travailler.

Avant de nous lancer, et pour être sûr que notre rêve ne se transforme pas en cauchemar, nous avons décidé qu’il nous fallait un salaire mensuel fixe. Il était hors de question de lutter à chaque nouvelle destination pour trouver un boulot, ce qui est d’ailleurs impossible dans beaucoup de pays, ou de se creuser la tête pour savoir comment nous allions payer pour notre prochaine destination.
La bonne nouvelle pour nous fut de découvrir qu’il existait des opportunités de travail à distance dans la branche de mon mari. Cela lui permettrait de travailler de n’importe où dans le monde. C’était la seule condition à notre départ. Donc une fois le travail trouvé et le salaire assuré, nous avons pu faire nos valises.
Pour ma part, j’allais enfin réaliser mon rêve, commencer un blog de voyage et écrire.

Ce qui a drastiquement changé dans ma vie

Dire au revoir à la famille et aux amis

Nous sommes d’accord que ce ne sont pas des adieux. Mais comme nous n’allions séjourner que deux mois par an en France, la séparation, surtout d’avec mes enfants, a été douloureuse. Sachez que le plus jeune avait 22 ans à l’époque; je n’ai pas laissé des tout petits livrés à eux-mêmes !

Et puis il a fallu s’habituer à l’idée que nous n’allions être que tous les deux. Mes journées passées au travail avec mes collègues, terminé. Les sorties entre amis du week-end, terminé. Les repas de famille du dimanche, terminé.
Si au début, c’était dur, aujourd’hui notre vie m’apporte tellement que ces contacts ne me manquent plus au quotidien. Cependant, nos retours en France sont fantastiques. C’est à chaque fois un mois non-stop de repas et de retrouvailles, et nous emmagasinons toute cette chaleur que nous recevons pour l’emmener avec nous dans la suite de notre voyage.

Mais nous sommes aussi toujours heureux de repartir pour nous retrouver, même si je verse immanquablement une petite larme quand j’embrasse mes enfants avant le départ.

Seule et déracinée

Je dois vous avouer que le commencement de cette nouvelle vie a eu ses moments tristes. Après le départ nous étions vraiment excités. Je n’ai pas vu passer les premières semaines, car dans mon esprit, c’était comme des vacances. Et puis j’ai vraiment réalisé que je n’allais plus rentrer dans notre appartement, retrouver ma vie d’avant.
J’ai alors eu un moment de doute et je me suis honnêtement demandé si j’allais y arriver. Il y a le rêve, vite rejoint par la réalité. C’est durant cette période que j’ai commencé à me réveiller durant la nuit, paniquée, en me demandant où j’étais, et le pire, où étaient mes enfants. Le plus drôle est qu’avant de partir, je ne vivais déjà plus avec eux depuis quatre ans, et que jamais je ne m’étais posé cette question. Cet épisode a duré quelques mois, et même si maintenant cela m’arrive encore parfois, ce n’est plus du tout avec l’angoisse des débuts.

Et notre couple dans tout ça ?

Il a fallu aussi qu’on adapte notre couple à cette nouvelle promiscuité. Quand vous êtes un peu extravertie et que votre mari peut passer sa journée à travailler sans dire un mot, c’est franchement dur. Le plus important, et on n’arrêtera pas de la dire, c’est la communication. Donc, après quelques ajustements, nous sommes arrivés à des compromis. J’ai mes moments où on discute, et il a ses moments de silence !

Il faut se faire tout léger

Nos valises qui contiennent toutes nos affaires

Ou autrement dit, devenir minimalistes. Une nouvelle notion pour moi à cette époque, et qui m’inquiétait un peu. Après des années à vivre entourée d’objets qui avaient tous leur histoire, il fallait que je m’en débarrasse. Pour être tout à fait honnête, nous avons loué un garage dans lequel nous avons entreposé des souvenirs dont je ne pouvais pas me séparer. Comme les cadeaux de fêtes des mères des enfants ! Et tout ce que l’administration française nous demande de garder à vie.

Mais plus de meubles ou équipements qui n’allaient plus être utilisés ou stockés « au cas où ». Nous en avons revendu une grande partie, et donné aussi beaucoup à des œuvres de charité.
Quelques déchirements aux cœurs plus tard, nous avons fini dans un appartement presque vide. Nous avons gardé un matelas gonflable et quelques ustensiles de cuisine jusqu’au dernier jour.

Et aujourd’hui ?

Maintenant, après deux ans et demi de vie en mode minimaliste, les choses ont changé pour moi. Et ce qui a été un brise-cœur durant cette période ne le serait plus maintenant. Je me suis rendu compte que nos souvenirs font partie de nous, et que nous n’avons pas besoin d’objets pour les raviver. Et il y a de vrais bénéfices à vivre juste avec le nécessaire.

Une vie qui n’est pas de tout repos

Chaque nouvelle destination est un nouveau challenge, et il faut organiser son séjour. Vous devez toujours vous forcer à réinventer votre routine, être ouvert d’esprit, vous adapter rapidement. Il faut s’approprier l’endroit où l’on vit, le nouveau pays, la nouvelle culture, et la nouvelle cuisine.
De plus, chaque pays a ses propres règles de conduite, des comportements à adopter ou éviter qu’il est préférable de connaître.

Premier pas dans nos nouvelles vies, nos nouvelles maisons

Notre maison à Bali
Notre appartement de Madrid
Le meilleur et plus confortable lit dans lequel j’ai jamais dormi à Tallinn

La première chose quand vous arrivez dans une nouvelle ville, c’est la découverte de l’appartement qui va devenir votre chez vous. Dès que vous ouvrez la porte, vous savez si vous allez vous y plaire ou non.
Ce qui est super important et peut conditionner mon séjour. Pour moi, c’est le havre de paix que je retrouve et où je me sens en sécurité après des premières journées souvent chargées en émotion.
Généralement, nous réaménageons un peu à notre goût en déplaçant certains meubles. Une façon de nous approprier l’espace.

Qu’est ce qu’on mange ?

Et oui, nomades ou pas, c’est la question récurrente…

Nasilemak, le plat traditionnel Malaisien

Il faut trouver les magasins où faire ses courses, et surtout, où trouver les produits que l’on aime et qui peuvent nous convenir.
Après quelques jours de recherche, on arrive à trouver ce dont on a besoin, même si quelquefois il faut faire des changements dans ses habitudes alimentaires. Mais pour mon plus grand bonheur, j’ai toujours trouvé des fruits et légumes frais dans des petits magasins de proximité.
Il arrive aussi que l’on découvre de nouveaux produits qui nous manqueront lors du voyage suivant. Je me rends compte aujourd’hui que je ne recherche plus les produits de ma France natale, mais d’autres que j’ai vraiment apprécié et découvert ailleurs, et que finalement, je ne retrouve pas quand je retourne en France !
Bien sûr, il y a aussi la possibilité d’aller dans les magasins que j’appelle « pour expats » et qui vendent des produits internationaux. Mais je trouve cela dommage. D’une part, c’est super cher, et d’autre part, découvrir un pays passe aussi par la découverte de sa nourriture.

Comment choisir son logement

Ma petite liste d’impératifs :

  • Une chambre séparée
  • Une cuisine, avec une vraie cuisinière et un four
  • Un grand canapé confortable
  • Être à côté d’un espace de travail partagé. Pouvoir s’y rendre à pied, ou être sur une ligne de bus qui y conduit en moins de 20 minutes
  • Avoir une salle de gym à proximité

Les deux derniers paramètres vous amèneront dans les quartiers des expatriés ou touristiques, et sur le réseau principal des transports en commun. Souvent, le prix des locations sont un peu plus élevés, mais il ne faut pas hésiter. Sinon, tout risque d’être un peu plus compliqué et contraignant.
La chambre séparée, c’est pour avoir plus de place, mais aussi pour nous permettre de travailler depuis la maison. On a au moins deux pièces si on veut un peu d’intimité.
La cuisine et le canapé, c’est pour mon confort.

Les salles de gym

Notre club de Muay-Thai en Malaisie. Je suis assez simple à retrouver !

Trouver une salle de gym est assez facile. Dans la majorité des pays, il existe des abonnements mensuels, sans frais d’inscription. Leurs prix sont souvent élevés par rapport au coût de la vie du pays, mais reste franchement abordable.

Et de toute façon, le sport fait partie de ma vie, et pas question d’arrêter, surtout quand on passe sa journée assis devant un ordinateur.
Une autre option que j’aime particulièrement sont les clubs de sports locaux, où il est également facile de s’inscrire. Nous avons testé des clubs de boxe, Muay-Thai et CrossFit. Par contre, quand les cours sont dans la langue locale, il faut être aux aguets et suivre les autres participants.

Les espaces de travail partagé

Ils sont également faciles à trouver et offrent des demi-journées d’essai gratuites. Ils sont souvent design et modernes et l’accueil y est chaleureux.
Et il est bien de sortir de chez soi, d’avoir un vrai bureau et des gens autour de soi, même si les contacts avec les autres travailleurs sont presque inexistants.

Et voilà, nous sommes installés, il ne nous reste plus qu’à organiser nos week-ends, et profiter de notre vie.

Les idées reçues versus la réalité

L’idée reçue

On organise son travail comme on veut et on travaille d’où on veut.
C’est une des premières choses que j’ai lu quand j’ai commencé ma recherche sur la vie de nomades digitals. Dans l’absolu, c’est vrai.

La réalité

D’où on veut…

La carte postale que l’on voit souvent : un nomade digital sur une plage, une boisson fraîche à portée de main, du soleil, du sable blanc et l’océan en arrière-plan.
Alors peut-être que certains y arrivent, mais pour moi travailler sous une température de 30˚C, un soleil éblouissant qui vous empêche de voir votre écran et le vent qui vous envoie du sable dans les yeux… Le paradis devient l’enfer. Autant se réserver la plage quand on peut pleinement en profiter. Et trouver des endroits plus adéquats pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions — un balcon ombragé avec une belle vue.

Comme on veut…

Pas trop si vous avez du boulot et 40 heures hebdomadaire à faire. Dans ce cas, il est compliqué de jongler avec les heures. Malgré tous les calculs que l’on peut faire, il faut les placer dans la semaine, que l’on soit employé ou à son compte, nomade ou non.
Peut-être que certains n’ont besoin que de quelques heures par semaine pour vivre dans un pays où le coût de la vie est faible. Dans ces cas-là, j’avoue qu’ils ont cette liberté. Mais tous les pays ne sont pas bon marché, et si on veut pouvoir visiter les endroits que l’on veut, il faut assurer des revenus pour les mois à venir.

Une routine rigoureuse est également un point primordial lorsque l’on travaille à distance, si on veut tenir dans le temps. On peut bien sûr échanger un jour de semaine contre un jour du week-end, faire plus d’heures un jour pour avoir un lendemain plus léger pour planifier une visite. Mais cela doit rester occasionnel.
Pour notre part, nous avons défini nos horaires de travail, et organisons nos activités de loisirs autour de ce planning. Et cela fonctionne super bien.

L’idée reçue

On se fait plein d’amis.

La réalité

On fait des rencontres, mais on ne se fait pas d’amis.
Il est assez difficile de rencontrer des gens, et de garder le contact.

On entend souvent les gens dire qu’ils ne connaissent pas leurs voisins, même après plusieurs années. Pour nous, nos voisins changent tous les trois mois.

Des groupes pour se rencontrer

Ceci dit, le meilleur moyen de rencontrer des gens sont les groupes Facebook, ou les applications comme Meetup, qui proposent des activités. Nous avons exclu les soirées pour favoriser les randonnées, les sorties au restaurant, ou les leçon de cuisine… pendant lesquelles il est plus facile d’échanger. N’espérez cependant pas vous faire des amis. Vous allez rejoindre soit des gens comme vous qui vont vite repartir, soit des résidents à l’année dans le pays qui n’ont pas vraiment envie d’aller plus loin dans une relation, sachant que vous allez repartir. Mais par contre, vous pouvez, sans hésitation, espérez passer de bons moments, voir du monde, discuter, rigoler et emmagasiner de bons souvenirs.

Les espaces de coworking

On m’avait aussi parlé des espaces de travail partagé, dans lesquels on pouvait rencontrer des gens et échanger facilement. Pour tout vous dire, ça ne m’est arrivé qu’une seule fois à Bali, l’endroit idyllique où se rendent beaucoup de nomades. L’établissement employait alors une personne à temps plein qui organisait des repas, des apéritifs et des excursions pour favoriser les échanges. Sinon il est franchement impossible d’aller s’asseoir à côté de quelqu’un qui travaille pour discuter.
Un autre point : contrairement à Bali où l’espace de travail partagé était uniquement utilisé par des étrangers, partout ailleurs ces bureaux sont surtout utilisés par des employés de start-ups ou entrepreneurs locaux. Ils ne sont pas dans le même état d’esprit que nous et ne recherchent pas à faire des rencontres. Il y a aussi la barrière de la langue — ils ne parlent pas toujours anglais.

L’idée reçue

Vous pourrez faire le tour du monde.

La réalité

Et c’est ici que la réalité rejoint l’idée reçue, pour mon plus grand bonheur.

Le mot de la fin

J’adore cette vie et ne la changerais pour rien au monde. J’ai appris tellement de choses depuis notre départ. Des choses sur le monde, et sur moi également. Cette remise en question perpétuelle, cette nécessité d’adaptation, m’ont rendues plus forte et plus sûre de moi.
Sur le monde, on apprend tout simplement la vie dans différents pays. Des pays dont on avait à peine entendu parlé, et qui deviennent vivants devant nos yeux.
Je me rend compte que ce mode de vie n’attire pas autant de gens que je ne le pensais. Si beaucoup aiment voyager, ils aiment rentrer chez eux aussi.

Par contre, si vous décidez de partir, je vous promets que vous ne le regretterez jamais. Voyager de cette façon a changé mon mode de vie, mes attentes dans l’avenir. Posséder est devenu superflu, et je n’ai envie que de souvenirs et d’histoires à raconter, de belles photos et de moments magiques.

Je ne me suis jamais sentie aussi libre. Je peux partir ou rester, continuer de voyager ou rentrer. Le choix m’appartient et c’est merveilleux.

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