Nous commençons notre séjour par une visite guidée gratuite de Lisbonne. C’est devenu, pour nous, un passage obligé pour commencer notre intégration dans une nouvelle ville.
Les habitudes ont la vie dures !
Nous rejoignons donc notre groupe sur la principale place de Lisbonne, la “Place du Commerce”.
Un peu d’histoire pour commencer
Je ne savais pas à quoi m’attendre lorsque je suis arrivé au Portugal, mis à part la plage, le soleil et leurs pâtisseries. Les Pastéis de Nata sont incroyables!
Mais j’ai ensuite découvert l’histoire de ce petit pays dans lequel Lisbonne a joué un grand rôle.
La situation géographique de Lisbonne
Lisbonne se trouve à l’embouchure du “Tage”, le plus grand fleuve de la péninsule ibérique, qui prend sa source en Espagne et vient se jeter ici dans l’océan atlantique.
Cette situation géographique fera du port de Lisbonne un axe majeur pour le commerce entre la mer Méditerranée et le nord de l’Europe. Il est également situé sur la route des exportations en provenance d’Afrique subsaharienne et d’Amérique.
Lisbonne, une ville riche
Cette situation ainsi que la colonisation de pays d’Asie, d’Amérique et des Iles de l’Atlantique firent de Lisbonne l’une des villes les plus riches du monde au 16ᵉ siècle.
Beaucoup de commerçants étrangers viennent s’installer ici pour faire fructifier leurs affaires. Beaucoup se convertissent au christianisme pour y être autorisé. Ils seront appelés les « nouveaux chrétiens », en opposition aux « anciens chrétiens ». Malheureusement, lors de l’introduction de l’Inquisition au Portugal, les riches commerçants qui s’étaient convertis doivent fuir vers les pays du nord. Effectivement, à partir de cette période, seul les “anciens chrétiens » avaient le droit de vivre et de commercer au Portugal. Lisbonne, suite à cette désertion, s’appauvrit petit à petit.
Mais la fin du Lisbonne de cette époque va être précipitée par le tremblement de terre du 1 novembre 1755 qui va détruire les 2/3 de la ville.
Le tremblement de terre de Lisbonne
Ce tremblement de terre sera le plus important jamais enregistré jusqu’à présent, et va faire couler beaucoup d’encre.
Il a eu lieu un jour Saint, le 1er novembre, à 9 h 40, heure à laquelle la majorité les Lisboètes assistaient à la messe. Deux autres secousses ont suivi, ainsi qu’un tsunami de 7 mètres de haut sur le Tage, qui a tué toutes les personnes qui s’étaient réfugiés sur sa rive. Sur les 180 000 habitants de Lisbonne, entre 30 000 et 60 000 sont morts.
Les philosophes et intellectuels Européens se questionnent. Pourquoi Dieu punirait de cette façon une ville telle que Lisbonne, catholique et dévouée un jour Saint ? Y aurait-il une autre puissance que Dieu qui pourrait régir le monde ?
La reconstruction de Lisbonne
La reconstruction de Lisbonne revient au Marquis de Pombal, alors Premier ministre du roi Joseph 1er.
Ses priorités : reconstruire vite avec une structure anti-sismique.
Une innovation architecturale
Son nom est la « cage de Pombal« . C’était un rectangle en bois renforcé par des traverses diagonales, qui pouvait résister à la surcharge et au stress d’un tremblement de terre. La structure était installée dans les murs et recouverte de matériaux de construction. Pour tester sa résistance, le Marquis de Pombal a fait construire un prototype qu’il a installé dans une cour. Il a ensuite demandé à un bataillon de l’armée de marcher autour en tapant des pieds pour simuler un tremblement de terre. Et ça a marché, la structure est restée intacte !
Le plan du nouveau Lisbonne
La reconstruction se fera autour de la Place du commerce, qui était l’emplacement de la terrasse du Palais de Ribeiro, la demeure principale des rois du Portugal.
Les rues étroites ont été remplacées par de grandes avenues droites placées orthogonalement et des quartiers ont été créés par secteur d’activités. Afin d’accélérer la reconstruction, les bâtiments ont été normalisés ce qui engendra la production de masse. Ce fut également le début du préfabriqué. Pour finir et afin de rendre la ville plus sûre, chaque appartement a été séparé des autres par des murs en maçonnerie qui feront office de coupe-feu.
La répartition des habitants dans ces nouveaux logements a également été imposée. Le 1er étage était réservé aux commerces, bureaux ou personnes aisées tandis que les étages supérieurs étaient pour les plus pauvres. Comme ils possédaient moins de biens, le poids sur les planchers était moindre. Leurs fenêtres étaient aussi plus petites et leurs balcons partagés.
Si vous souhaitez plus de détails et une visite interactive sur la ville, rendez-vous au Lisboa Story Center, situé sur la place du commerce.
Le Lisbonne touristique
Nous voilà de retour dans le présent, au pied de la statue du roi Joseph 1er. Cette statue a été érigée du vivant du roi et a été, a priori, inaugurée en grande pompe. Ce qui est un peu surprenant quand on étudie la statue qui n’est pas très flatteuse.
La fameuse statue
Le roi est assis sur un cheval qui a plus l’allure d’un poney, avec un gros nœud attaché à sa queue. Il porte une cape et un casque à plume, tient dans sa main non pas une épée mais une sorte de baguette magique, et le pire, il tourne le dos à sa ville.
Les Lisboètes de l’époque ne lui ont jamais pardonné sa lâcheté. Suite au tremblement de terre, il a quitté Lisbonne pour s’installer dans ses alentours. Il a tellement été traumatisé par le tremblement de terre, qu’il a exigé de sa cours de vivre dans un campement où ils sont restés jusqu’à sa mort.
Avant de quitter la place, nous allons admirer les bords du Tage et les sculptures en pierre multicolores.
La ville piétonne
La porte qui relie la place du commerce à la ville.
Nous avons commencé notre découverte de la ville par le quartier Baixa, dans le centre historique de Lisbonne. C’est l’une des zones les plus populaires et les plus touristiques. Beaucoup de rues sont piétonnes, et c’est un vrai plaisir de se promener ici, même si c’est un peu trop bondé pour moi. Les bâtiments sont magnifiques; il y a également beaucoup de magasins, rde estaurants et de pâtisseries. La bonne surprise, c’est que nous nous sommes arrêtés dans l’une de ces pâtisseries pour déguster notre premier « Pastel de Nata », une tarte à la crème portugaise, la spécialité de la région. C’était, à coup sûr, la meilleure façon de commencer notre tournée!
La bonne surprise, c’est que nous nous sommes arrêtés dans l’une de ces pâtisseries pour déguster notre premier « Pastel de Nata » (une tartelette à la crème patissière), la spécialité de la région. C’était, à coup sûr, la meilleure façon de commencer notre visite!
Pour être plus précise, la Pastel de Nata est originaire de Belém, une ville avoisinante. La pâtisserie à l’origine de ces tartelettes est toujours ouverte. Si ça vous dit et que vous êtes patients, vous pouvez toujours vous y rendre et faire la queue pour en goûter une.
Après ce délice, nous remontons en direction de “Bairro Alto et Chiado”, un quartier sur les hauteurs de Lisbonne. Lisbonne est construite au milieu de collines. Il faut donc s’attendre à grimper souvent des escaliers ou des rues en pente.
La municipalité a construit des ascenseurs pour faciliter les déplacements de ces habitants. On en trouve un peu partout dans les anciennes parties de la ville. Mais le plus connu est l’ascenseur de Santa Justa, “Carmo lift”. Il est tellement beau et original qu’il en est devenu une attraction touristique.
Il a un petit air de la tour Eiffel pour moi.
Il relie la ville basse à la ville haute, et nous emmène devant les ruines du Convento da Ordem do Carmo. Ce couvent médiéval a été détruit durant le tremblement de terre et n’a jamais été reconstruit. Il ne reste que la façade de l’église gothique, la plus grande du Lisbonne de l’époque.
Visite en image du quartier
Tavares Restaurant, ouvert en 1784 c’est le plus vieux café-restaurant de Lisbonne. Et un des premiers à avoir introduit l’expresso. Mais ils ont dû ajouter pas mal de sucre dedans pour que les Lisboètes l’apprécient !
Devant Tavares où il aimait se rendre, Eça de Queirós, le plus grand écrivain portugais à écrire dans le style réaliste.
L’histoire dit qu’il était atteint d’un trouble de la personnalité multiple, même si à l’époque, il n’a pas été diagnostiqué ainsi. Les différents personnages qui le hantaient entretenaient cependant des discussions, et il se devait de changer de place autour de la table chaque fois qu’il incarnait une autre personnalité.. Ce sont ses personnages sont devenus les héros de ses livres. 😉
En face, et qui nous a fait penser a un rappeur de par sa position, le poète Antonio Ribeiro, dit Chiado. Ce moine a jeté son froc aux orties pour pouvoir laisser libre cours à sa verve et profiter de la joie de vivre de cette époque. Il finira comme le poète le plus aimé du peuple.
Place Camões. Luis de Camões est l’un des plus grands poètes du Portugal. Il est l’auteur d’Os Lusíadas, Les Lusiades, reconnue comme l’œuvre la plus importante de la littérature portugaise. Elle narre la découverte d’une route maritime vers l’Inde par l’explorateur portugais Vasco da Gama (1469-1524).
Il a un bandeau sur les yeux suite a une manifestation pacifique d’un collectif dénonçant le manque de moyen accordé à la culture.
Voici le plus vieux bar de Fado de Lisbonne.
Allez écouter du Fado est un passage obligé si vous séjournez à Lisbonne !
Le Fado est un genre musical portugais qui a commencé quand les femmes de pêcheurs se retrouvaient au lavoir et parlaient de leur vie en chantant. Ce sont des chansons aux airs et paroles tristes racontant leur pauvre vie et chantées avec un sentiment de résignation. Maintenant il y a des artistes hommes, mais l’âme du Fado est restée la même.
La place Rossio, ou Place du Roi Pedro IV. Elle est située dans le centre-ville, et est une place très populaire depuis le Moyen Âge, lieu de révoltes et d’exécutions.
La statue qui trône est celle du roi Pedro IV, Empereur du Brésil et fils du roi du Portugal,..
…mais certains disent que ce serait la statue d’un tsar russe, et qu’il y aurait eu un petit mélange au moment de son édification 😃
À côté de la place Rossio, le Cinéma do Rossio. Le plus… vieux 😊cinéma de Lisbonne.
Maintenant il propose des spectacles pour adultes !
Découverte d’un autre quartier, Alfama
Notre tour terminé, nous redescendons vers le « Tage », longeons de nouveau la place de Commerce, empruntons la « Rua da Alfândega » pour nous rendre au « Miradouro de Santa Luza », miradore de Sainte-Lucie, l’un des plus beaux point de vue de la ville.
C’est une balade différente. Le vieux Lisbonne n’a pas changé, les ruelles sont étroites et la montée par les escaliers est raide.
Il y a beaucoup d’entraide dans ces quartiers. Les personnes âgées ou de mobilité réduite qui ne peuvent pas quitter leur maison à cause des escaliers, comptent sur leurs voisins pour prendre soin d’eux, souvent en échange de petits services. Ces communautés sont très soudées et fières.
Une dernière chose amusante. Il y a toujours quelqu’un à une fenêtre qui vous observe. Au début, on se sent espionné, mais c’est leur manière d’être moins seul.
Nous passons devant la Fondation Saramago à l’architecture originale.
Ce bâtiment a résisté au tremblement de terre. Sa construction a été influencée par les palais de la renaissance italienne et les styles portugais Manueline. Il a été construit par le gouverneur de l’Inde Portugaise, qui était à l’époque un état représentant l’ensemble des colonies portugaises en Inde.
Notre récompense
Finalement nous atteignons le mirador et pouvons admirer la vue impressionnante sur la ville, et c’est vraiment le lieu idéal pour finir la visite. Il y a plein de terrasses ou s’asseoir pour récupérer de nos heures de marche, et savourer un Vinho Verde.
Le nom signifie « vin vert », mais on peut aussi l’appeler « vin jeune », le vin étant mis en bouteilles trois à six mois après la récolte des raisins. Ils peuvent être rouges, blancs ou rosés, et existent en mousseux, vendanges tardives, et même du brandy. Vous aurez le choix !
Street art à Lisbonne
Une autre curiosité de Lisbonne ! Il y a beaucoup d’œuvres d’art dans la ville. Et c’est un enchantement que de les découvrir au détour d’une rue.
Aux alentours à ne pas manquer
Il y a une balade sympa à faire le long du Tage, qui va de la Place du Commerce jusqu’à Santa Maria de Belém, ou Belém 😁Alors bien sûr, vous pouvez la faire en marchant ou en courant, mais le mieux est de louer un vélo électrique. Il y en a pas mal ici, et c’est vraiment agréable. Sinon, le train, le tram ou le bus.
De beaux monuments à découvrir, et peut être la Pastel de Nata ! Vous vous souvenez ?
Le « Pont du 25 Avril » qui relie Almada et Lisbonne. Ce pont s’appelait auparavant le « Pont de Salazar », du nom du dictateur qui a ordonné sa construction. Mais le 25 avril 1974, jour de sa destitution suite à un mouvement révolutionnaire, le nom du pont sera changé.
Conclusion
Le plus remarquable avec Lisbonne est que la ville a su garder son authenticité et se donne les moyens de rester belle. La Place du Commerce et ses alentours ont toujours leur splendeur d’antan. Les ruelles du vieux Lisbonne vous ramènent elles dans le passé et il est agréable de constater l’esprit « village » qui règne encore dans chaque quartier. Partout des parcs vous accueillent sur les hauteurs pour vous offrir des vues panoramiques et profiter de l’instant présent.
Le climat participe aussi à cette sensation de bien-être. Le soleil brille souvent, et le bleu du ciel est parfait. Malgré tout, l’océan rafraîchit la température, et je dois avouer qu’un petit pull a toujours été le bienvenu pour apprécier pleinement les soirées dehors.
Ma liste ne serait pas complète si je ne citais pas l’accueil chaleureux que nous avons eu tout au long de notre séjour.
Malgré cela, Lisbonne est une ville moderne qui bouge, et ses nouveaux quartiers ont aussi leurs nouveaux buildings !