C’était notre première fois au Costa Rica et nous étions très heureux de trouver une visite gratuite de sa capitale San-José pour commencer notre séjour ici. Nous étions curieux de découvrir cette ville. Nous connaissions le pays pour ses parcs bien connu et son souci du tourisme écologique, mais nous n’avions pas beaucoup entendu parler de sa ville principale.
Nous avons rendez-vous à 9:00 du matin sur la Place Juan Mora Fernandez, premier président élu du Costa Rica en 1825.
Pour commencer, le guide nous a introduit sa ville, ainsi que le Théâtre national de San José en face duquel nous nous trouvons. Il nous conseille d’ailleurs fortement de le visiter, ce que nous avons fait dans les jours suivants.
J’ai consacré un article complet au Théâtre National, un bâtiment magnifique rempli d’histoire. Et la visite a pris un tour inattendu !
Un peu d’histoire de San José
Je vais faire court, c’est promis !
La ville a été créée en 1738, nommée San José en l’honneur de Joseph de Nazareth, et ne devient capitale du pays qu’en 1823 à la place de Cartago. C’est une des villes les plus sures d’Amérique latine et reconnue pour sa qualité de vie.
Je reste dubitative. C’est vrai que nous n’avons jamais eu de problème, que nous avons toujours été agréablement accueillis et que je ne me suis jamais senti menacée. Mais malgré tout, la ville semble barricadée. Les maisons sont protégées derrière de hautes palissades sur lesquelles on voit parfois des fils électriques ou des barbelés. Certains collèges sont encerclés comme des prisons. D’ailleurs, on ne sait toujours pas si c’est pour empêcher les élèves de sortir ou les voleurs de rentrer. 😊 La nuit, tous les magasins ont des volets en fer pleins derrière lesquels les vitrines disparaissent. Pour moi, cela ne ressemble pas à un endroit sûr. Mais notre guide nous affirme que c’est dans les habitudes des habitants d’Amérique latines de protéger leurs maisons et buildings, mais que franchement il n’y a rien à craindre. Je suis toujours dubitative 🤨
Le collège supérieur de filles
Sur ces paroles, nous commençons notre visite, et nous arrêtons devant le collège supérieur de filles, Colegio Superior de Señoritas, créé en 1888 et un pilier fondamental de l’éducation des femmes au Costa Rica.
Différents domaines sont enseignés : politique, social, culturel et artistique. Mais le fait le plus remarquable, est la prise de position active des étudiants, des enseignants et du directeur dans la lutte contre la dictature des frères Tinoco, en juin 1919. Des protestations ont eu lieu dans les rues et ont fini par l’incendie du journal La Información, alors détenu et contrôlé par le pouvoir. Et en 1923, le personnel et les élèves du collège ont participé à la fondation de la Ligue féministe costaricienne, et conduit cette première organisation explicitement féministe du pays à faire pression pour le suffrage féminin. Pour cette raison, et pour se souvenir, le collège est resté un collège de filles, le dernier du Costa Rica.
Alors tous les jours, à la sortie des cours, les garçons viennent parader dans la rue et assister à la sortie des filles… Il parait que le spectacle est très amusant.
Nous empruntons une rue piétonne avec au centre une piste cyclable bleue. On ne peut pas la manquer ! Il y a beaucoup de pistes cyclables en ville, mais très peu de vélos. Et quand on a demande a notre guide si c’est a cause de la circulation, il nous répond que c’est plutôt a cause du dénivelé dans la ville. Pas une seule partie plate !
La place des garanties sociales
Le nom de la place est surprenant, mais le pays est très attaché aux avantages sociaux, éducatifs et culturels accordés aux citoyens. Et cette place, construite en 1993 est là pour que chacun s’en souvienne.
Je crois que la visite va beaucoup tourner autour des acquis que les costaricains ont obtenus. Notre guide en est tellement fier !
La place à 5 niveaux. Sur le premier trône une statue de Rafaël Angel Calderón Guardia, ancien président qui a promulgué la loi sur les garanties sociales pour le peuple. Les autres niveaux commémorent symboliquement la sécurité sociale, l’Université du Costa Rica, le Code du travail et le programme des maisons bon marché.
Donc quelques précisions du guide:
- Chaque Costaricain a accès à des soins “gratuits” financés par leurs impôts. Une dernière avancée en terme de droits sociaux. Ils viennent de voter une loi qui permet à chacun de décider de son genre, et de l’inscrire sur sa carte d’identité. Le Costa Rica fait désormais partie de ce changement global qui affirme que les gens ne devraient pas être obligés de porter un marqueur d’identité qui ne reflète pas qui ils sont.
- En 1948, l’armée a été abolie afin d’utiliser le budget qui lui était alloué au financement des universités du pays et des 3 principaux hôpitaux.
J’apprends beaucoup de choses sur ce pays. Et je suis vraiment agréablement surprise par ce que je découvre.
Derrière nous se dresse un immeuble carré en béton. Je ne l’aurais pas particulièrement remarqué si notre guide ne nous l’avait pas pointé, soulignant son architecture brutaliste, caractérisée par des structures simples en blocs qui comportent souvent des matériaux de construction nus comme le béton. Très peu répandu au Costa Rica.
La visite continue.
China Town à San José
La place des Arts
Ce n’est pas un quartier chinois comme on pourrait s’y attendre avec ses magasins et restaurants.
La raison est que la création de la porte et du quartier a pris tellement de temps que les commerces chinois ont du s’installer plus loin pour pouvoir travailler. Ainsi, quand le chantier a enfin été terminé, aucun d’eux n’est revenus pour recommencer à zéro. D’où un Chinatown sans boutiques chinoises !
Petite anecdote. Il paraîtrait que lors de leur arrivée à San José, et pour montrer leur volonté de s’intégrer, les Chinois auraient financé l’ancien stade national de foot de la ville. Vous aurez deviné que le foot est le sport national et que les Costaricains en sont tous fans !
L’église de la solitude
En face de nous se dresse Iglesia de la Soledad.
La statue de la vierge est surprenante. J’ai dû la regarder à deux fois pour m’assurer qu’elle était posée sur une hélice d’avion ! Pas vraiment commun. Et notre guide nous explique.
Notre-Dame-des-Cieux était la propriété de la chapelle de l’aéroport JFK à New York. Lorsque l’aéroport JFK a rénové sa chapelle, ils l’ont donné à l’église Saint-Vincent de Paul à Manhattan. Celle-ci est en lien étroit avec la communauté de San José. Il existe en effet un programme coopératif entre les deux églises qui permet aux prêtres et séminaristes de New York de venir au Costa Rica apprendre l’espagnol et être en mesure de servir leur communauté hispanique. Ainsi, quand l’église Saint Vincent de Paul de Manhattan a été restaur´ee à son tour, le prêtre de San José s’est vu offrir la statue, en même temps qu’une cloche de 2,5 tonnes, la plus grande du pays.
Le Guanacaste
En face de l’église, un magnifique arbre, le Guanacaste, qui est l’emblème du Costa Rica. Son bois est résistant à l’eau, facile à travailler, et est utilisé pour l’artisanat local et la fabrication des meubles. Les graines des fruits sont utilisées pour leurs propriétés nettoyantes comme lessive.
Statue de John Lennon
Et une autre surprise. Sur un banc, tournant le dos à l’Église, une statue de John Lennon par le sculpteur cubain José Ramon Villa et intitulée « Imaginez tous les gens qui vivent en paix ».
Cette statue a été érigée pour promouvoir le mouvement de paix et d’amour que Lennon a toujours voulu faire passer et qui s’identifie au pays et attirer les touristes vers la capitale.
Elle a été contestée pour 2 raisons:
- Son emplacement. Elle se trouve là où les Costaricains ont protesté contre les Beatles en 1966 et brûlé leurs disques lorsqu’ils ont déclaré être “plus populaires que Jésus”. Ce serait la raison pour laquelle la statue tournerait le dos à l’église…
- Le fait que le sculpteur ne soit pas costaricain.
Elle a cependant été inaugurée en grande pompe, notamment par le concert des Beagirls, 2 filles costaricaines qui reprennent les chansons des Beatles.
Nous quittons la place par la porte chinoise, et nous dirigeons vers le quartier présidentiel.
Les pierres rondes
Au passage, nous nous arrêtons devant le musée national de San José. Notre guide nous fait découvrir des pierres rondes découvertes dans le sud du Costa Rica.
Ces pierres sont très populaires, mais leur signification exacte reste inconnue. Leur taille varie de 2 cm à 2 mètres de diamètre. Elles auraient été sculptées à l’aide de marteaux fabriqués avec d’autres pierres et polies avec du sable. Elles sont en granit, roche qu’on ne trouve que sur la côte caraïbe du Costa-Rica. Personne ne sait comment les natifs de l’époque pré colombienne ont transporté ces énormes blocs à travers tout le pays.
Comme on peut le voir, les montagnes ne sont pas loin !
Le quartier présidentiel
Nous voilà dans le quartier présidentiel. Rien à voir avec ce qu’on connaît. Pas de postes de gardes renforcés, ni de policiers à chaque coin de rue.
La maison présidentielle, appelée le Chateau bleu, n’est en fait pas habitée par le président, mais sert essentiellement aux réunions de travail. Le président actuel depuis 2018 est Carlos Alvarado Quesada. Il est né en 1980, et a été écrivain, journaliste, politologue et homme politique du Costa Rica. Il fait beaucoup pour l’écologie dans le pays et l’énergie renouvelable, et est très proche des gens.
Il parait qu’on peut le croiser en ville… Je vais ouvrir l’œil ! Il serait même venu discuter avec un groupe de touristes qui visitaient la ville.
Le parc National de San José
Derrière le quartier présidentiel, se trouve le parc national de San José que nous traversons pour arriver à la place de La Liberté Électorale.
La place de la liberté électorale
Ils ont beaucoup de places qui commémorent leur avancée dans la démocratie. La particularité de cette place semi-circulaire est que lorsqu’on se place en son centre, même un murmure peut être perçu par les personnes assises sur les bancs. Le son se répercute sur les colonnes.
Si vous passez par là, faites le test. C’est assez surprenant.
Sur la gauche, se trouve le Centre National de la Culture.
Auparavant une fabrique d’alcool. La production d’alcool était faite par des particuliers. Malheureusement, l’alcool était frelaté, et beaucoup de buveurs devenaient aveugles ! Je sais, c’est horrible ! C’est pour enrayer ce fléau que la ville a crée cette fabrique, afin de proposer de l’alcool bon a la consommation.
Nous suivons une rue qui fait également partie des lieux importants de San José. En effet, c’est la première rue qui a eu un éclairage électrique. San José est la troisième ville au monde à avoir introduit l’éclairage électrique, après New York et Paris.
Et oui !
L’école Benuenaventura Orrales
Nous voilà dans le Jardín de Paz devant un bâtiment très particulier. Cette école, l’école Benuenaventura Orrales est construite en métal, des murs au plafond. C’était alors un refuge sûr en cas de tremblement de terre. Et il y en a beaucoup au Costa Rica.
Sur la route du retour, nous passons devant le premier cinéma de San José. Peut-être est-ce dans ce cinéma qu’ils ont passé le film « Pura Vida » duquel le mantra du Costa Rica a été extrait !
Pour conclure notre visite de San José
J’ai beaucoup apprécié la visite de la ville, mais pour autant, San José n’est pas pour moi une ville à visiter à tout prix. Si comme moi vous aimez découvrir les capitales de chaque pays que vous traversez, prévoyez 2-3 jours pour San José.