Pologne – La tragique histoire du Ghetto de Varsovie

Varsovie, capitale de la Pologne, est la plus grande ville du pays avec environ 1,8 M d’habitants.
Sa vieille ville historique est classée au patrimoine mondial de L’UNESCO.
L’histoire de la ville est tragique. C’est une succession d’invasions, de guerres et de restrictions administratives. Une des épisodes les plus destructeurs, la construction du ghetto, a eu lieu lors de la Seconde Guerre mondiale. Et nous ne pouvions pas visiter la ville sans nous y intéresser.

C’est pour cette raison, nous avons décidé de nous inscrire à deux visites guidées. Les « free-tours » que vous commencez à connaître. Le premier sur l’histoire de la communauté juive de Varsovie et le second sur la découverte de sa vielle ville.

Pour le 1er tour, nous avons rendez-vous devant L’Église de tous les Saints qui se trouve dans le centre de la communauté juive.

La communauté Juive de Varsovie

Notre guide commence par nous parler de la communauté juive de Pologne. Il nous explique pourquoi celle-ci était, avant la Seconde Guerre mondiale, la plus grande d’Europe.

Trois raisons majeures:

  1. La décision du roi Kasimir le Grand et de ses successeurs d’offrir un refuge aux Juifs persécutés dans les autres pays d’Europe.
  2. La création par l’Empereur de Russie Alexandre III d’une « Zone de résidence » qui comptait alors la Pologne et la Biélorussie et où les Juifs russes avaient obligation de s’installer.
  3. Un taux de natalité élevé dans la communauté juive. 

La ville a également connu un afflux important de Juifs aux 19e et 20e siècles. Pendant l’entre-deux-guerres, la Varsovie juive a alors prospéré. Des centaines d’artistes, d’acteurs, d’écrivains et de journalistes y ont élus domicile.

Après cette introduction, nous nous dirigeons vers la Synagogue Nożyk, la seule synagogue d’avant-guerre a avoir survécu à la guerre.

Construite entre 1898 et 1902, elle a été restaurée après la Seconde Guerre mondiale après avoir été endommagée par un raid aérien en 1939. Elle fera partie ensuite du petit ghetto et les Allemands l’utiliseront dès 1941 comme écuries et dépôt. 

De nos jours, elle est toujours active.

En direction des vestiges du Ghetto

Nous nous dirigeons vers un des murs originels du ghetto juif situé au N˚11 rue Waliców.
Ces murs, que l’on retrouve à différents endroits de la ville, sont les derniers vestiges du ghetto laissés là en mémoire.

Pour nous y rendre nous empruntons l’avenue Grzybowska, et traversons un des nouveaux quartiers de Varsovie.

Waliców, ancien quartier du ghetto.

Street Art de l’artiste Wiktor Malinowski (2008) sur un ancien mur du ghetto

Le ghetto de Varsovie

Dès l’hiver 1939-1940, les nazis commencent à persécuter les Juifs et l’ordre de transplantation des Juifs est donné le 2 octobre 1940. Ils auront un mois pour déménager dans le nouveau quartier juif, qui deviendra ensuite officiellement une “zone de contagion”, interdite aux soldats allemands. 

Vestiges des murs extérieurs du ghetto

Quatre-vingts milles non-juifs quittent le secteur, et 138 000 Juifs s’y installent. Le ghetto est fermé le 16 novembre 1940 et un mur d’enceinte est construit. 
Le ghetto de Varsovie sera le plus important ghetto juif au sein des territoires d’Europe occupés par les nazis.

À plusieurs endroits dans la ville, on peut voir l’emplacement des murs du ghetto

Le ghetto était surpeuplé. Comme beaucoup de familles cohabitaient dans le même appartement, une note affichée sur chaque porte d’entrée spécifiait combien de coup de sonnette on devait donner suivant la famille que l’on venait visiter.

Quatre coups de sonnette pour la famille Rogozińscy.

Nous continuons notre visite à travers la ville pour nous rendre à l’emplacement de l’ancienne passerelle qui reliait le petit et le grand ghetto. Cette passerelle était le seul endroit depuis lequel les habitants avaient une vue sur la vie à l’extérieur.

le Palais Janasz

Nous passons devant le Palais Janasz, bâtiment historique de 1874. Il a été construit pour le financier Janasz selon les caractéristiques des palaces français, avec une façade néo-baroque. 
Il fait parti de la courte liste des bâtiments ayant peu souffert pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1970, l’ensemble a été restaurés dans son état d’origine.

Le palace est aujourd’hui le siège des Ateliers Polonais pour la préservation des monuments.

Nous arrivons aux pieds des colonnes qui symbolisent l’emplacement de la passerelle.

Notre guide nous montre un immeuble un peu plus loin. Il est le seul à avoir survécu à la destruction du ghetto. On le voit sur beaucoup de photos d’archives.
Il nous explique également que la ligne de tramway qui passe toujours dans cette rue, était le « seul lien » entre le ghetto et le monde extérieur. Elle traversait le ghetto, et permettait aux Polonais non-juifs de traverser le quartier.

Il est difficile d’imaginer aujourd’hui le quartier tel qu’il était. Il nous faudra regarder les images d’archives que notre guide nous a amenées pour le visualiser.

Pour finir notre visite, nous nous rendons sur la place du Monument des héros du ghetto. En chemin, notre guide nous parle de l’insurrection de l’été 1942.

L’insurrection du ghetto de Varsovie

L’été 1942, la déportation commence vers les camps de concentration. Suite a cette grande vague de déportation, la résistance juive s’organise contre les forces d’occupation allemandes, du 19 avril au 16 mai 1943. 
C’est l’acte de résistance juive pendant la Shoah le plus connu et le plus commémoré. La résistance fut plus forte que prévu par les nazis, même si l’issue était certaine vu le déséquilibre des forces.

La fin du ghetto

L’acte final est la destruction de la grande synagogue de Varsovie, et l’incendie du ghetto ordonné par Hitler. Il le fera par idéologie mais surtout pour marquer les esprits. 
Ceux qui y retournent en 1944-45 ne retrouvent plus une trace du quartier dans lequel ils vivaient. Cette “mer de ruine” recouvre 300 hectares, soit l’équivalent de 420 terrains de football.


Nous arrivons devant le Monument des héros du ghetto. Il a été érigé en leur mémoire et inauguré en 1948, cinq ans jour pour jour après le début du soulèvement. Il est situé à proximité de l’endroit où commencèrent les affrontements.


On peut voir un groupe de combattants juifs armés de cocktails Molotov, de pistolets, et de grenades. Une jeune femme tient un enfant dans ses bras.
Les flammes derrière eux représentent le ghetto en flamme.


Face au monument, se trouve le Musée POLIN des Juifs de Pologne.


Il est construit sur le site symbolique du ghetto de Varsovie et a été inauguré le 19 avril 2013, pour le 70e anniversaire de son insurrection.
Il parle de l’ensemble de la tradition et de la culture juive durant les mille ans de leur histoire en Pologne.

Notre visite se termine, et nous remercions notre guide de nous avoir parlé de cet épisode de l’histoire de son pays avec tant de passion.

Conclusion

Ce fut une visite poignante et émouvante que je recommande tout particulièrement. Un retour sur un des épisodes les plus tragiques de Pologne et sur une partie de notre histoire qu’il ne faut pas que l’on oublie. 
Nous avons vraiment vécu un beau moment de partage et d’émotions, grâce a notre guide qui a su également donner le juste ton à son discours.

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